Européennes : le dessous des cartes
Bloc-notes de Paul-Marie Coûteaux
Jeudi 4 mars - Paris. Coup de téléphone de Philippe de Villiers cet après-midi me demandant de ne pas venir samedi prochain au conseil national du MPF : il veut, me dit-il, "faire passer l'alliance avec Declan Ganley sans problème", c’est à dire sans discussion. Pourtant, les membres de ce bien mal nommé « Conseil » n’ont guère d’informations sur Libertas, qui s’affiche « mouvement pan européen » et dans lequel ils sont invités à se fondre…
En retour, il me propose un dîner lundi soir à Strasbourg et me dit une nouvelle fois qu'il a toujours besoin de moi pour conduire la liste en Ile de France. Je réponds que le RIF a accepté l'alliance avec le MPF, mais aucunement, sous quelque forme que ce soit, avec Libertas. "Vous me posez un problème, on verra ça lundi prochain." Conversation décidément répétitive... Voilà près d’un mois que dure ce manège…
Je raccroche en me disant que cette fois, je n'en doute plus, ce n'est pas par inadvertance qu'il tombe dans le traquenard si ingénieusement dénommé Libertas, c'est en pleine connaissance de cause ; ce qui me chagrine le plus, c’est le rôle que l’on fait jouer aux militants et cadres du MPF qui seront mis samedi devant le fait accompli.
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Samedi 7 mars - Paris. Nombreux téléphonages et quelques rencontres avec des cadres et des présidents dé fédérations du MPF. Trouble général, d'autant que le fameux « Conseil national », ce matin, n'aura duré que deux heures et demi. Aucun débat, selon ce qui m'a été rapporté de diverses parts. Certains se sont tout de même étonnés que, sur la devanture de ce qui devrait être « le nouveau siège du MPF » ne figure plus que le seul panneau Libertas : absorption complète.
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Mardi 10 mars - Strasbourg. Le dîner d'hier soir avec Philippe de Villiers fut dramatique de bout en bout. Sans doute lui aurai-je parlé hier pour la dernière fois ... Je lui répète qu’il tombe dans un piège, qu’il n’est pas question de partir sous la bannière d'un homme qui répète que l’Europe a besoin d’une Constitution, et lui annonce mon intention de mener une liste en Ile de France doublement placée à l’enseigne de l’indépendance, celle de la France, et celle du mouvement politique qui la défend.
Je le raccompagne cependant à son hôtel, et nous nous serrons la main ; sous une pluie fine, je regagne mon hôtel, en songeant à la bizarerie de cet homme, si lumineux et si sombre - ai même conçu l’idée d’un livre qui lui serait consacré, tant il est emblématique, et à tant d’égards… Dans ma chambre, j’ouvre un nouveau carnet, et prends force notes…
Envoyé aujourd’hui à 18h, mon communiqué est largement repris par l'AFP et m'a valu ce soir quelques rappels. Puis, dîner plus tranquille avec Jacques Koutouganski ancien responsable du MPF en Alsace qui a quitté ce parti depuis deux ans pour rejoindre le RIF, et qui a une façon bien à lui, et passionnante, de concevoir la politique. Comme tout est clair, avce lui ! Du coup je ferme mon portable pour éviter d'avoir à commenter en boucle mon communiqué de l'après-midi.
Les mots ne se suffisent ils pas ? : Fidèle à l'Europe des Etats voulue par le Général de Gaulle, je ne puis accepter la prise en main de la campagne européenne des souverainistes par l'organisme pan-européen dénommé Libertas-Europe. Si ce qui s‘est présenté comme un « label» pouvait afficher un lien entre les NON à travers l'Europe, il semble que son rôle aille désormais au-delà puisque son Président, l’homme d’affaires Declan Ganley est allé jusqu'à évoquer le 18 février dernier devant les membres de mon groupe Indépendance et Démocratie, la nécessité de "liste de vote commune". Soucieux de préserver l'indépendance de mes votes et de mes interventions, je récuse le parrainage de M. Ganley. Que ce soit en faveur d'une Europe qui serait rendue "démocratique" par l'élection d'un Président de l'Europe au suffrage universel, d'un "continent ouvert" qui exclurait toute forme de protection ou de préférence communautaire à commencer par la PAC, que ce soit l’intégration de la Turquie, ou l'appartenance de tous les Etats membres à l'OTAN ("Focus" février 2009), ses convictions ne sont pas celles pour lesquelles nous nous battons depuis Maestricht.
Elu en 1999 sur la liste Pasqua-Villiers-Garaud, réélu en 2004 en Ile-de-France sur les listes "changeons d'Europe" soutenues par Philippe de Villiers, j'entends poursuivre le combat victorieux du référendum de 2005 et faire respecter le NON du peuple Français, ainsi que l'indépendance de la France menacée par une double intégration dans l'U.E. et dans l'OTAN. Avec mes amis du Mouvement pour la France, dont une trentaine de fédérations me demandent aujourd'hui de poursuivre ma tâche dans l'esprit qui fut toujours le nôtre (respect des Nations/Coopération entre Etats souverains), comme avec ceux du Rassemblement pour l'Indépendance de la France qui se veut un point de rencontre entre les souverainistes de tous les horizons, avec les fidèles des Cahiers et de la Lettre de l'Indépendance, j'entends construire en Ile-de-France une liste de large unité nationale pour que se rassemblent toujours plus nombreux les esprits et les cœurs des millions de solitaires qui, à l'heure des périls, ont besoin plus que jamais des solidarités, des principes politiques traditionnels et du nom même de la France."