L'heure française sera toujours celle du soleil

Publié le par Quotidien de Babylone

Dimanche 24 mai 2009 ; Mirebeau. Lectures en désordre, prises, laissées, reprises un autre moment, à la paresseuse : Saint-Robert (“Ecrire n’est pas jouer”, magnifique préface, sur laquelle il faudra revenir); Camus, Mauriac, Nouzille sur la CIA que j’achève aujourd’hui… De Renaud Camus : “Aujourd’hui, les riches ne sont plus que des pauvres qui ont de l’argent” .

 

 

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Lundi 25 mai 2009 ; Mirebeau. Me fais peu à peu à l’idée de ne plus vivre qu’ici, et cette idée m’apparaît de plus en plus excitante. Lire, écrire, lire de nouveau et écrire encore. Se passer des trains, des réunions, des téléphones, de cet immense temps perdu – oui, mais comment me passerais-je de ma secrétaire, et de P.P., mon indispensable plénipotentiaire ? Pourtant, Chateaubriand : “Quand on voit les illusions dont la Providence environne le pouvoir, on est consolé par sa courte durée”. Certes ! Certes ! Et encore ceci, sur le même sujet : “La France aurait pu gagner à ma réunion avec l’Empereur; moi, j’y aurais perdu. Peut-être serais-je parvenu à maintenir quelques idées de liberté et de modération dans la tête du grand homme; mais ma vie, rangée parmi celles qu’on appelle heureuses, eût été privée de ce qui en fait le caractère et l’honneur : la pauvreté, le combat, et l’indépendance”.

  

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Samedi 30 mai 2009 ; Mirebeau.  Grand beau temps. P.L. m’a dit tout à l’heure, tandis que je lui faisais l’habituelle visite du soir, dans son jardin, que je suis en train de retrouver “l’heure de Poué”. C’est que, quand elle s’étonne que nous dînions si tard, “à des neuf heures du soir”, et que je lui fais remarquer qu’il n’est, au soleil, que sept heures et qu’elle a bien tort de se régler sur l’heure de la Commission européenne, elle me dit, comme elle l’a fait déjà deux ou trois fois, que je lui fais penser à ceux qui, pendant la guerre, refusaient de se régler sur l’heure allemande. Elle a un peu développé tout à l’heure, me racontant l’histoire d’un village poitevin, le village de Poué dont les habitants avaient refusé tout compromis, y compris sur les horloges de la mairie et de l’église, ne voulant entendre parler que de l’heure française; suis rentré en savourant cette histoire, et me disant que l’heure française sera toujours celle du soleil…

 

Publié dans Réflexions

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