La crise du credo européiste.

Réponse de l'Union européenne à la crise financière mondiale: débat du mardi 18 novembre 2008.

Intervention de Paul Marie Coûteaux (IND/DEM) au Parlement Européen. 

" Madame la Présidente, je suis frappé – je ne crois pas être le seul d'ailleurs – par le décalage entre les plus simples évidences de l'époque dans laquelle nous entrons et les vieux slogans dépassés et ressassés que j'entends ici, notamment dans la bouche des représentants du Conseil et de la Commission, mais aussi dans celle de mes collègues des grands partis eurobéats. Ce décalage fait penser immanquablement aux conversations anodines ou satisfaites des hiérarques de Byzance, tandis que leur monde glissait vers le néant.

    Nous n'avons pas affaire à une simple crise, mot bien dérisoire pour une récession, qui sera sans doute une véritable dépression, mais à un renversement des bases mêmes de la mondialisation qui a tant marqué le XXème siècle. Ce n'est pas une crise du crédit, c'est une crise du credo, c'est une crise de vos credos, et je vous invite à avoir le courage de réviser vos conceptions intellectuelles. Je n'ai pas le temps d'énumérer vos credos, y compris une foi aveugle dans la main invisible et dans la religion désormais obsolète du progrès automatique et infini.

    A l'évidence, la réponse se trouve , comme toujours dans le retour aux Etats : contrôle du  crédit par les États, intervention pragmatique au service d'une politique industrielle rationnelle, réhabilitation des frontières. La réponse à ce que vous appelez la crise, ce n'est certainement pas la confiscation de la politique au bénéfice d'instances supranationales comme celles-ci (L'échec du traité de Lisbonne devrait d'ailleurs vous mettre la puce à l'oreille), c'est le retour à la véritable instance légitime de l'action collective, c'est-à-dire les États souverains."