La dislocation des piliers de la France

Publié le par Quotidien de Babylone

Bloc-notes de Paul-Marie Coûteaux

Lundi 19 janvier 2009 - Paris
. Conversation avec l'un de nos meilleurs analystes du monde contemporain qui est par ailleurs Professeur à l'Ecole des hautes études en sciences sociales. Il a l'air d'avoir perdu tout espoir d'empêcher le déménagement de cette prestigieuse école, de très longue date installée boulevard Raspail et rue du Cherche Midi au cœur de la rive gauche pour Aubervilliers. Il s'inquiète de ce que ses enseignants qui fréquentent d'autres sites universitaires du centre de Paris se trouvent très excentrés à  Aubervilliers  et qu'on l'on dissolve ainsi un peu plus le bouillon culturel que fut  la capitale depuis des siècles. Je vois le même phénomène de dissolution de nos élites au sens classique de ce terme dans le déménagement il y a quelques années de l'ENA à Strasbourg ou celui prochain du Ministère des Affaires étrangères qui va quitter le Quai d'Orsay ; il est bien d'autres exemples, qui tendent à disloquer notre "système nerveux central".

On invoque généralement, pour justifier de telles aberrations la nécessité de la politique immobilière qui consiste bonnement à vendre les propriétés de l'Etat pour alléger tant soit peu le déficit budgétaire ; en soi cette justification est scandaleuse car ce sont les "bijoux de famille" que l'on dilapide, alors que si l'Etat avait un peu d'autorité il réaliserait de substantielles économies dans son fonctionnement même. Mais il y a plus grave à mes yeux : ce que l'on déménage ce sont les piliers des anciennes élites dont les oligarchies dominantes ne veulent plus ou qu'elles s'acharnent à supplanter dans la topographie même de Paris et de ses environs ; c'est la dilapidation de ce que furent longtemps les piliers de la France qu'on peut lire à l'œil nu.

Publié dans Culture - Identité

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article